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Je vous souhaite de très beaux voyages de lectures.

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Bernard Magrez, une aventure professionnelle exceptionnelle. Travail, qualité, rigueur sont les mots qui conviennent avec cet homme pour qui le vin reste un produit difficile à comprendre et dont les réponses multiples le poussent sans cesse vers une inatteignable perfection. Nouvelle rencontre avec l’infatigable et attachant « Bad boy of Bordeaux », comme l’a nommé le magazine DecanterLe goût du vin est devenu le combat de Bernard Magrez presque par hasard, mais c’est bien par pugnacité et par intuition qu’il a su anticiper sur l’évolution des goûts et des vins. Cette quête de l’excellence, parfois facilement dénoncée par ceux qui, petits, jouaient aux billes entre les chais de leurs parents, sert avant tout à respecter les amateurs de vins comme vous et moi et à leur donner du bonheur.

Itinéraire d’un enfant doué

Bernard Magrez est à peine âgé de vingt-cinq ans lorsqu’il rachète, avec l’aide d’une banque, une minuscule affaire de porto dont il change immédiatement le nom. Greloud devient Porto Pitters, un nom à consonance anglaise facile à retenir. Sans budget, Bernard Magrez dessine lui-même l’étiquette : la bouteille est belle et l’étiquette plait si bien que ce porto devient rapidement le plus vendu en grandes surfaces. Poussé par ce premier succès, le jeune entrepreneur décide de se lancer dans le whisky avec le William Peel. À cette époque, le scotch whisky a la cote et la France en est le premier consommateur au monde. Le type de goût, la couleur et la forme de la bouteille sont longuement étudiés et testés auprès des acheteurs : William Peel devient le whisky le plus vendu en supermarchés, avec des volumes bien plus importants que ceux du porto. Il le restera pendant quinze ans. S’en suit une diversification avec la Téquila San José. Puis, en 1970, le jeune homme d’affaires bordelais décide de se lancer dans le vin avec la marque Malesan. À l’époque en effet, il constate qu’il n’existe pratiquement aucune marque de vins en grande distribution. En dehors des grands vins, les négociants ne proposent que de petits châteaux. Bernard achète alors aux coopératives des raisins de bonne qualité et se fait conseiller par le professeur en œnologie Pascal Ribéreau-Gayon pour produire un bordeaux rond, facile à boire, qui donne envie d’un second verre après le premier. Faut-il encore qu’on en parle pour bien le vendre. Le slogan publicitaire « Malesan, ce que Bordeaux sait faire de mieux en bordeaux » est imparable, astucieusement placé sur la route des châteaux du Médoc. On en parle, et le Malesan devient l’une des marques de bordeaux les plus vendues en France. Ajoutons à ce petit empire naissant du rhum, du punch déjà tout prêt et un label de vin marocain Sidi Brahim. Facile ? Certainement pas : Bernard Magrez doit tous ces succès au travail de forcené qu’il a accompli, aux risques qu’il a su prendre sans cesse et qui lui donneront souvent des sueurs froides et de nombreux cauchemars. Mais son opiniâtreté, sa pugnacité et la constance de ses efforts seront récompensées.En 2004, l’homme pressé se pose. Enfin juste le temps de revendre son empire au groupe Castel pour se consacrer aux grands vins auxquels il a commencé de s’intéresser de près. Les quantités seront plus petites mais les domaines qu’il acquiert sont classés et les terroirs sélectionnés.

La signature de l’excellence sur quarante Châteaux

C’est en 1990 que Bernard Magrez commence à acheter le Grand Cru Classé de Graves Château Pape Clément à son beau père, qui en possède une part minoritaire, avant d’acquérir le reste plus tard à la famille versaillaise qui détient l’autre part. En 1999 suivent les acquisitions du Grand Cru Classé en Haut-Médoc La Tour Carnet et du Grand Cru Classé Saint-Emilion Château Fombrauge, puis du Cru Bourgeois Les Grands Chênes. Au total, quarante châteaux du monde entier composent la plus belle symphonie de vins de la planète de ce mélomane, rejoints en 2012 par le Clos Haut-Peyraguey, 1er Cru Classé dans l'AOC Sauternes.

Aujourd’hui, l’homme assis devant moi semble serein. Il me répète qu’il lui est important maintenant de donner et de transmettre ses passions. Collectionneur un temps de vieilles voitures, de peintures flamandes, d’argenterie ou de bronzes, Bernard Magrez consacre désormais du temps à sa passion pour l’art contemporain qu’il fait partager grâce à sa fondation, l’institut Culturel du Château Labottière. L’institut accueille des artistes en résidence afin de leur donner le temps et les moyens de réaliser leurs projets. Je quitte l’insatiable « Bad boy » pour suivre avec élégance sa quête de l’excellence qu’il verse dans nos verres. 

Les quatre Grands Crus

Château Pape Clément, Grand Cru Classé de Graves: ce Grand Cru Classé de Graves appartient à l’AOC Pessac-Léognan, un des plus anciens grands crus de bordeaux. Les premières vignes sont plantées en 1252 sur le domaine par la famille de Goth. Le cadet de la famille, Bertrand de Goth, se consacre à améliorer les procédés vinicoles en vigueur à l’époque. Archevêque de Bordeaux, il deviendra Pape en 1305 sous le nom de Clément V et donnera son nom au château. Au XIXe siècle, c'est Jean-Baptiste Clerc qui assoit la renommée des vins du château. Devenu son propriétaire dans les années 1980, Bernard Magrez poursuit à son tour le travail vers l'excellence pour l'élaboration des grands crus. Aux portes de Bordeaux, Château Pape Clément voit s'épanouir cinquante-trois hectares de vignes qui rayonnent autour de son architecture néogothique. Dans ses jardins, des oliviers millénaires et surtout l'imposant cèdre du Liban veillent en silence sur le château. Ici, on produit du vin sur les mêmes terres depuis plus de sept siècles.

Château La Tour Carnet, Grand Cru Classé en 1855 Haut-Médoc: classé parmi les plus anciennes propriétés du Médoc, le domaine a des origines remontant au XIIe siècle. Son architecture est médiévale, avec une tour construite en 1111, ceinturée de douves. Cette tour abrite jalousement les trésors des troubadours mais également l'âme de Michel de Montaigne, dont la famille fut propriétaire des lieux au XVIe siècle, et celle de son grand ami La Boétie, qui y résida souvent. Les deux poètes avaient la même passion pour le vin. Depuis neuf cents ans, ce château médiéval se contemple dans ses douves miroitantes que l'on franchit grâce à un élégant pont-levis. Ici, la littérature se mêle aux vins : on y célèbre tous les ans un prix littéraire en dégustant de grands vins, pour le plus grand plaisir d’écrivains et d’épicuriens.

Château de Fombrauge, Grand Cru Classé Saint-Emilion: Le domaine fut établi après la guerre de Cent ans. De son passé religieux, l'ancienne chartreuse conserve une allure sacrée. Les origines du vignoble du Château Fombrauge remontent au XVIe siècle. En 1691, Marie Anne de Carnolle de Lescours apporte le domaine en dot à son époux Jacques Dumas. Leur fils Jacques François Joseph, né en 1734, est très en avance sur son temps : il adopte des techniques de viticultures avant-gardistes, parfois même expérimentales en matière d’encépagement, de sélection parcellaire et de méthodes de vinification. Cette exigence assurera une notoriété croissante au domaine aussi bien en France qu’à l’étranger où, dès le XVIIe siècle, fait exceptionnel, les vins du « Cru Dumas » sont commercialisés en Angleterre, en Hollande et en Allemagne.

Clos Haut-Peyraguey, Premier Cru Classé en 1855 Sauternes: Peyraguey, dont le nom signifie colline ou promontoire, est une ancienne baronnie acquise au XVIIIe siècle par le président du Parlement de Bordeaux. Clos Haut-Peraguey est le plus petit des Premiers Crus Classés de Sauternes en 1855. Quatre de ses douze hectares (dont huit d’un seul tenant) jouxtent les parcelles de Château d’Yquem. Bernard Magrez a fait l’acquisition fin 2012 de ce domaine, propriété de la famille Garbay-Pauly depuis 1914.

Patricia Courcoux Lepic

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