Bonjour,
Je vous souhaite de très beaux voyages de lectures.

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Un client célèbre, à qui on demanda un jour dans quel hôtel il descendait à Londres, répondit en anglais dans le texte : « I don’t stay in a hôtel, I stay at Brown’s ». Cette déclaration résume en peu de mots l’esprit de cet établissement si particulier…

En 1837, James Brown et sa femme Sarah Willis achètent le 23 Dover Street, une petite maison londonienne de plusieurs étages en pierre et brique. Un an plus tard, ils acquièrent les N°21, 22 et 24 de la même rue et créent le Brown Hôtel. Vingt ans plus tard, un certain James John Ford rachète le petit hôtel, le transforme et en fait un hôtel de référence pour tous les voyageurs, célèbres et moins célèbres.

Après la guerre de Prusse et la formation de la IIIe République en France, l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie furent contraints de fuir et s’arrêtèrent pendant un temps au Brown Hôtel. Il en fut de même pour la famille Singer, les inventeurs de la fameuse machine à coudre. Quelques années plus tard, en 1876, c’est ici aussi qu’Alexander Graham Bell descend pour venir présenter au gouvernement britannique sa fabuleuse invention : le téléphone ! Par la suite, il passa depuis l’hôtel le premier appel téléphonique jamais émis, à l’aide d’une ligne télégraphique privée installée entre l’hôtel et la maison des Ford.

Un hôtel de rois et de progrès

Henry Ford, le fils unique, n’a que vingt-trois ans en 1882 lorsqu’il prend la direction de l’hôtel, qu’il assurera pendant quarante-six ans. La famille Ford n’aura de cesse de faire ressembler son établissement à une maison privée, afin que les clients ne soient pas dérangés et se sentent comme chez eux. Avant-gardistes, les Ford inventèrent ce que nous appelons aujourd’hui un « boutique-hôtel ». Et c’est dès les années 1880 que l’électricité y fut installée, puis très vite un ascenseur, un des tout premiers de Londres ! Suivront la création d’un fumoir afin que les hommes puissent déguster leurs cigares en paix, et surtout le premier restaurant dans un hôtel. Car auparavant, les clients avaient le choix entre sortit dîner dehors ou bien se faire monter un repas dans les chambres. Le Brown Hôtel, comme vous le constatez, a su se transformer au rythme des progrès à la fois technologiques et de confort de vie. Enfin, dernière grande nouveauté pour l’époque, des salles de bains sont aménagées pour chaque chambre.

Le Brown Hôtel est une adresse que l’on se passe discrètement, mais qui attire toutes les personnalités de l’époque. Theodore Roosevelt y séjourna avant son mariage avec Edith Kermit Carow, qui fut célébré juste à côté à l’église St George Hanover Square. Une copie de son certificat de mariage est d’ailleurs toujours accrochée aux murs de l’hôtel, et l’on peut y lire que le métier du futur président des Etats-Unis était ranchman. De 1886 à 1894, le Comte de Paris, prétendant au trône de France, habita lui aussi au Brown’s, tout comme Cecil Rhodes, homme d'affaires et homme politique britannique, fondateur de la Rhodésie, qui y fit de nombreux séjours.

Face à un tel succès, Henry Ford a besoin de s’agrandir. Il décide donc d’acheter le St George Hôtel sur Albermale Street, juste derrière le Brown’s. Une fois les deux bâtiments rassemblés, le nouvel hôtel gardera le nom de Brown’s Hôtel mais on peut cependant encore lire « St George Hôtel » sur l’autre façade, ainsi que sur les vitres teintées du nouveau Donovan Bar, longtemps connu sous le nom de St George’s Bar. En 1890, Lord Kelvin y organisa la fameuse conférence de la Commission internationale du Niagara, au cours de laquelle il fut décidé que le courant hydraulique serait utilisé pour fabriquer de l’électricité. En 1892, Rudyard Kipling (l’auteur du Livre de la jungle) vient passer sa lune de miel au Brown’s, et y fera par la suite de fréquents séjours, trouvant le lieu propice à l’inspiration de ses livres. La reine Victoria s’y rendait fréquemment en voisine, Buckingham Palace étant tout proche. Plus tard, c’est la Reine de Belgique Elisabeth et sa famille qui s’y installèrent pendant la première Guerre Mondiale. Mais le résident qui y séjourna le plus longtemps fut le roi George II de Grèce en exil : il resta onze ans, de 1924 à 1935 ! L’hôtel fut en réalité « la cour officielle » de la famille royale de Grèce, si bien que lorsqu’il retourna à Athènes, le roi décora le manager de l’hôtel de l’Ordre Royal du Phoenix. On peut citer encore le gouvernement hollandais qui y déclara la guerre au Japon. Ou Agatha Christie qui en fit en 1965 le lieu de son livre At Bertram’s Hotel.

Une inspiration très confortable !

L’histoire assez extraordinaire de ce bijou de l’hôtellerie londonienne continue depuis, grâce à la société Trust House Limited qui le racheta en 1968. Appartenant au Forte PLC group, l’hôtel fait partie de la collection de ses hôtels de luxe. Les murs chargés d’histoire, les secrets continuent de faire vibrer et d’inspirer des écrivains célèbres : Stephen King commença l’écriture de son roman Misery sur le bureau de Rudyard Kipling.

Et on doit aujourd’hui l’immense rénovation des lieux au groupe Rocco Forte Hotels qui a su préserver, et même faire renaître, le caractère si particulier de ce lieu hors du temps, discrètement caché dans une petite rue calme et tranquille de Londres. Les chambres et suites sont toutes différentes, comme au tout début de son existence. Décoré avec des objets et des meubles anciens, mais également agrémenté d’œuvres d’art contemporain, le Brown’s est aujourd’hui un mélange d’élégance anglaise passée et de tendances pointues très actuelles. La cuisine du restaurant HIX at The Albermale est un modèle de la plus traditionnelle gastronomie britannique. Le chef Marc Hix renoue avec les traditions comme celle du traditionnel Sunday roast, dont la maîtrise se transmet de père en fils. Dans une autre pièce, The English Tea Room sert le plus authentique et délicieux des afternoon tea du royaume ! Faites votre choix parmi les dix-sept thés, régalez-vous de « finger sandwiches », de scones et autres pâtisseries accompagnées de la fameuse clotted cream et de la confiture de fraises. Bref, une institution.

Si vous hésitiez encore sur le choix de votre hôtel lors de votre prochaine visite à Londres, descendez au Brown’s, qui n’est décidément pas un hôtel comme les autres. Vous repenserez aux histoires qui se sont déroulées sous ce toit en sirotant un des « must try » cocktails du Donovan Bar, ou en créant votre Martini for two avec les ingrédients que le mixologiste déposera devant vous.

Patricia Courcoux Lepic

Brown’s hôtel: Albemarle Street, Mayfair,London WIS 4BP

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