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Patek Philippe : une histoire de famille qui possède la mesure du temps. Depuis sa création le 1er mai 1839, la manufacture horlogère Patek Philippe, a toujours été une entreprise indépendante et familiale. C’est l’une des plus anciennes manufactures de Suisse et du monde.

Patek Philippe a toujours sévit à la tête de l’art horloger et de la haute horlogerie, avec des créations mariant un habillage raffiné à une mécanique ultra sophistiquée et ce depuis 1839. En témoigne le Patek Philippe Museum créé en 2001. Situé dans le quartier genevois de Plainpalais, le lieu présente une collection unique au monde de garde-temps racontant 500 ans d’histoire horlogère mais également une fabuleuse sélection de chefs-d’œuvre nés dans les ateliers de la manufacture au cours des 175 dernières années.

Petit retour en arrière. Antoni Norbert Patek arrive à Genève en 1833 où il va rapidement s’imposer parmi les plus illustres personnages de l’horlogerie suisse. Homme de style, attaché à la qualité et grand amateur d’art, il est fasciné par l’art horloger genevois et par les savoir-faire apparentés des graveurs, des émailleurs et des joailliers. C’est au sien de cercles d’émigrés comme lui, qu’il fait la rencontre de l’horloger François Czapek. Six en ans plus tard, en 1839, il épouse la fille d’un genevois. Puis fonde avec Czapek et Thomas Moreau, l’oncle de sa femme, la manufacture horlogère « Patek, Czapek & Cie – Fabricants à Genève ». Leur ambition est de créer les meilleures et les plus belles montres du monde ! Grâce à leurs créations raffinées et au bon réseau de relations d’Antoni Patek, la société connaît rapidement un grand succès. Mais les tensions entre Czapek et Patek conduisent ce dernier à rechercher un nouveau partenaire, qu’il rencontre en 1844, lors de l’Exposition nationale des produits de l’industrie à Paris. Jean Adrien Philippe est un talentueux horloger français qui a inventé un mécanisme permettant de remonter un mouvement et de mettre les aiguilles à l’heure sans l’aide d’une clef séparée. Antoni Patek le convainc de venir le voir à Genève, les deux hommes se mettent d’accord sur un futur partenariat. Philippe rejoint la firme en 1845 et se concentre sur la qualité des garde-temps. En tant que directeur technique, il est responsable de la fabrication des modèles courants, de l’optimisation des procédés de fabrication et du développement de nouvelles montres et de nouveaux mécanismes. Il s’applique aussi, dans un premier temps, à perfectionner son système de remontage et de mise à l’heure sans clef, qui fonctionne grâce à l’aide d’une couronne logée « au pendant » de la montre de poche et protégé par le brevet français N° 1317.

En 1845, Antoni Patek fonde avec Jean Adrien Philippe et Vincent Gostkowski, une nouvelle société « Patek & Cie – Fabricants à Genève », Patek est un homme d’affaires avisé et Philippe un horloger de génie, le duo forme un partenariat idéal. Tandis que Philippe introduit des méthodes de production modernes, Patek lui, adopte un style de marketing totalement novateur qui va placer les montres de la manufacture parmi les plus recherchées. Excellent observateur de l’industrie horlogère, Philippe laissera derrière lui une foule de notes, dessins techniques, articles de journaux et écrits divers, qui occupent aujourd’hui une place de choix dans les archives de la manufacture. Patek lui, met l’accent sur la perfection esthétique, sur tous les métiers de haut artisanat (gravure, émaillage, sertissage) permettant de faire des montres de luxueuses œuvres d’art, tandis que Philippe, poussé par le goût du défi, ne cesse d’optimiser l’aspect technique, en renforçant le développement des « complications ». Ces deux ambitions conjuguées marqueront et accompagneront la manufacture durant toute son histoire.

En 1854 Patek voyage aux Etats-Unis, ce qui, avec les moyens de transport de l’époque constituent une entreprise aventureuse. Sa grande tournée européenne de 1858 vers l’Allemagne, l’Italie et la Russie, où il se rend jusqu’à Saint-Pétersbourg et Moscou, s’avère tout aussi risquée, car il doit à chaque fois transporter dans ses bagages ou sur lui, les précieuses montres ou bien les sommes importantes tirées des ventes. Les trains et les diligences restent parfois immobilisés pendant des heures, les paquebots doivent faire face à de violentes tempêtes, la nourriture est de qualité douteuse, l’hébergement souvent sommaire et mal chauffé. Patek qui n’a pas une santé très solide garde cependant bon pied bon œil. Il prend une part active à la vie sociale de Genève, qui est déjà reconnue comme une ville internationale qui attire de nombreux visiteurs venus de tous les horizons. La ville lui a accordé le titre de citoyen en l’accueillant parmi les siens, car en participant aux expositions universelles de Paris et de Londres, et en s’illustrant lors des foires internationales en Italie et en Allemagne, il n’a pas seulement fait connaître au monde entier le nom de sa société il a également été un ambassadeur d’exception pour Genève.

Mais ses problèmes d’anémie s’aggravent et en 1875, il se voit contraint de régler rapidement sa succession pour ne pas mettre en danger toute l’œuvre de sa vie : Patek, Philippe & Cie.

Le mardi 29 octobre 1929, entré dans l’histoire sous le nom de « mardi noir », c’est l’effondrement des cours de la Bourse de New York qui marque le début de la grande crise économique mondiale qui durera près de dix ans. L’Ancienne Manufacture d’horlogerie Patek, Philippe & Cie, SA n’échappe pas à ces turbulences. En raison du défaut de payement de nombreux clients elle connaît des difficultés financières importantes. Si bien que pour éviter la reprise par un concurrent ou la liquidation, la direction fait appel aux frères Charles et Jean Stern, propriétaire de la manufacture « Cadrans Stern Frères », qui fabrique des cadrans haut de gamme et qui figure parmi les fournisseurs préférés de Patek Philippe. Les deux firmes entretiennent des relations amicales et les frères Stern qui possèdent assez de fonds pour ne pas se contenter d’aider Patek Philippe, prennent des parts, avant de racheter intégralement la société en 1933. Ce tournant permet d’injecter dans la manufacture l’argent dont elle a besoin tout en marquant le début d’une nouvelle philosophie de management alliant la tradition horlogère unique et le savoir-faire technique exceptionnel de Patek Philippe, avec les méthodes modernes de gestion et de marketing. Fabricants de cadrans depuis de nombreuses année, les deux frères Stern décident notamment de ne pas reprendre eux-mêmes du jour au lendemain toute la direction de la manufacture horlogère, mais de confier le poste de directeur général à un spécialiste de l’horlogerie, Jean Pfister, qui restera fidèle à l’entreprise jusqu’à sa retraite en 1958. Charles Stern reprend en 1934 le poste de président du Conseil d’administration. Patek Philippe est pour la première fois la propriété d’une seule famille, qui peut baser toutes ses décisions entrepreneuriales sur une vision de succès à long terme. Cette approche peut ne pas sembler très moderne, mais elle se révèlera au cours de l’histoire un avantage inestimable.

En 1932, Patek Philippe lance la Référence 96, le premier modèle de la mythique collection Calatrava, qui marquera l’histoire de l’horlogerie. Son design s’inspire étroitement du principe du Bauhaus « la forme d’un objet est dictée par sa fonction », d’où son boîtier rond et la conception de son cadran ainsi que ses aiguilles se limitant à l’essentiel, pour que rien ne détourne le regard de l’affichage du temps. Intemporelle, la Calatrava compte parmi les premières montres-bracelets classiques rondes de l’histoire horlogère suisse qui s’est imposée comme l’archétype de ce type de garde-temps. Deux ans plus tard, Henri Stern (fils de Charles Stern) âgé de 23 ans, rejoint l’entreprise familiale à laquelle il consacrera toute sa vie avec passion. Il fonde à New York, en 1946, la « Henri Stern Watch Agency », distributeur exclusif des montres Patek Philippe aux Etats-Unis, le plus grand marché du monde et le plus prospère à cette l’époque. En 1958, il retourne en Suisse, son père lui confie alors le poste de directeur général et de président. Henri Stern s’intéresse également aux montres rares qui reflètent tous les savoir-faire liés à l’horlogerie et commence à constituer une collection. Même lorsqu’on voit faiblir la demande en garde-temps richement ornés (gravure, peinture miniature sur émail, émail cloisonné etc…) , il continue de passer des commandes à ces quelques artistes dont les talents ont largement contribué à la renommée mondiale de Genève. Quand ces créations ne trouvent pas d’acquéreur, il les range simplement dans sa collection, comme témoignages pour la postérité. Il inculque cette passion à son fils Philippe, qui se dédiera avec encore plus d’enthousiasme aux « métiers de haut artisanat ». Mais cultiver la tradition ne veut pas dire refuser l’innovation. Bien au contraire l’esprit d’invention a toujours joué un rôle majeur chez Patek Philippe. La manufacture utilise l’électronique dans la mesure du temps et avec sa division électronique, fondée en 1948, elle s’impose rapidement parmi les principaux fournisseurs de systèmes d’informations pour les gares et les aéroports. En 1949 Patek Philippe invente et fait breveter le balancier Gyromax®, qui permet de régler la marche d’un mouvement uniquement en modifiant le moment d’inertie du balancier. Cinq ans plus tard, la manufacture obtient deux brevets pour des horloges photoélectriques et en 1956, elle fabrique la première horloge entièrement électronique, qui sera récompensée aux Etats-Unis par le « Award for Miniaturization ». Elle lance également une nouvelle collection de montres qui, grâce à ses proportions parfaites inspirées du « nombre d’or », entrera dans l’histoire: l’Ellipse d’Or, avec mouvement automatique.

Philippe Stern, fils d’Henri Stern, travaille au sein de la «Henri Stern Watch Agency» à partir de 1963 puis il entre chez Patek Philippe Genève en 1966. A cette époque, il est chargé de développer un nouveau modèle de montre incarnant toute sa génération. Sportif et concurrent redouté lors des régates de voiliers sur le lac Léman, il a dans l’esprit une montre de sport qui doit être aussi performante qu’élégante. Ainsi naît la Nautilus Référence 3700/1A, lancée en 1976 avec le slogan suivant: « l’une des montres les plus chères du monde est en acier ». Son étanchéité à 120 mètres fait également sensation. Cette montre devait être l’épreuve du feu de Philippe Stern, il en a fait un chef-d’œuvre. En 1977, il est nommé directeur général de Patek Philippe, cette même année Patek Philippe présente le calibre 240 extra-plat. Ce mouvement de légende possède un système de remontage automatique breveté avec mini-rotor en or 22 carats entièrement intégré dans la platine. Il permet la construction de montres-bracelets extra-plates, comme le Quantième Perpétuel Référence 3940 de 1985, qui reste aujourd’hui encore l’une des pièces préférées de Philippe Stern. En 1989, pour célébrer le 150e anniversaire de la manufacture en 1989 Philippe Stern engage des ingénieurs constructeurs horlogers, pour faire de Patek Philippe, d’une manufacture à forte dominante artisanale une manufacture industrielle. Désormais les montres sont construites sur la base de plans détaillés et les pièces sont fabriquées à l’aide des machines les plus modernes. Pour faire d’une montre mécanique une œuvre d’art très recherchée, il faut offrir la plus haute qualité dans tous les domaines. Pour le 150e anniversaire de la maison, Patek Philippe développe le garde-temps mécanique portable le plus compliqué du monde : le Calibre 89, avec 33 complications, un record toujours invaincu à ce jour, ainsi que le mouvement de montre-bracelet automatique à répétition minutes Calibre R 27, qui joue la musique du temps avec une sonorité fantastique et sans aucun bruit parasite.

En 1993, Henri Stern transmet la présidence à son fils Philippe et en 1994, Thierry Stern, fils de Philippe Stern, rejoint l’entreprise représentant ainsi la quatrième génération. En 2001, Philippe Stern réalise l’un de ses plus grands rêves en inaugurant le Patek Philippe Museum, dans le quartier genevois de Plainpalais, afin d’y exposer les trésors qu’il a amassés depuis quarante ans. Avec sa collection de plus de 2000 montres, automates et peintures miniatures sur émail et sa bibliothèque de plus de 8000 ouvrages consacrés à la mesure du temps, ce lieu est l’un des plus importants musées horlogers du monde.

En 2002, la manufacture crée le département «Patek Philippe Advanced Research», dédié aux nouveaux matériaux et nouvelles technologies, département destiné à devenir un pilier majeur de la philosophie « tradition & innovation ». Le premier résultat concret de ses efforts est dévoilé en 2005 avec une roue d’ancre fabriquée dans un dérivé révolutionnaire du silicium.

Peu de temps après sa nomination, Thierry Stern lance le Poinçon Patek Philippe, un label d’excellence dont le Règlement consigne par écrit tout ce qui fait l’essence de la qualité Patek Philippe. Il a œuvré pour cela avec son père Philippe pour développer ce sceau et a assuré depuis, la transition complète du Poinçon de Genève au Poinçon Patek Philippe. Aujourd’hui il perfectionne la création de pièces liées aux « métiers de haut artisanat », en proposant des boîtiers en or ou en platine gravés, des cadrans ornés d’émail champlevé ou cloisonné, de marqueterie de bois ou de décors guillochés et des montres haute joaillerie brillant de l’éclat des plus belles pierres précieuses. Il est secondé par son épouse Sandrine Stern, qui dirige le département création montres.

En poste depuis cinq ans, Thierry Stern poursuit avec succès la tradition de sa famille, qui a repris la manufacture il y a plus de quatre-vingts ans au moment de sa plus grande crise, lui ayant fait traverser sans dommage les troubles de la Seconde Guerre mondiale et surmonté le défi de la révolution du quartz. Souhaitons longue vie à cette manufacture horlogère familiale qui défie le temps.

Patricia Courcoux Lepic

 

 

 

 

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