Pour Gérard Bertrand, le vin, c’est 1001 détails. Le plaisir, le partage, l’émotion et l’ivresse, au sens noble du terme, en représentent l’essentiel. Vous en decouvrirez quelque autres à travers les lignes qui suivent. En premier lieu, il y a Les Vins Gérard Bertrand, et Gérard Bertrand lui-même. Les premiers représentent une trentaine de références différentes, soit environ douze millions de bouteilles produites par an sur 400 hectares de vignes partagées entre six domaines du Languedoc, dans le sud-ouest de la France.
Gérard Bertrand, l’homme, n’a lui qu’une seule référence : l’action, qui s’affiche en quatre par trois tout sourire dans les aéroports et même dans le métro. Soit un mètre quatre-vingts quinze de muscles et d’allure qui partage son temps entre la vigne et les avions. Les Vins Gérard Bertrand lui doivent beaucoup. En effet, grâce à Gérard, ces Vins du Sud sont bus aujourd’hui dans plus de soixante-cinq pays ! Ce communicant fait chanter ses vignobles dans le monde entier, avec un titre qui caracole en tête des ventes depuis des années : « l’Art de vivre les Vins du Sud ». Les Américains adorent : ils consomment plus de 400 000 bouteilles dans quarante-cinq des cinquante et un états ! Les Français ne sont pas en reste, qui chantent aussi les louanges de cet ancien capitaine du Stade Français, joueur de rugby professionnel, en se délectant chaque été du très pâle Rosé Gris Blanc par exemple.
Des vins de table aux grands vins
Si les Vins Gérard Bertrand sont l’œuvre de Gérard, il a aussi écrit la suite des premiers chapitres inachevés par son père Georges, mort brutalement lorsque Gérard n’a que vingt-deux ans. À cette époque, le Languedoc produit des vins de table. Georges, négociant, était persuadé que les rendements importants imposés par les vignerons de la région ne pouvaient donner de grands vins. Mais que de grands vins pouvaient naître en Languedoc. Gérard a prouvé que son père avait raison: vingt ans plus tard, ces vins sont servis dans les plus grands restaurants, récompensés par nombre de distinctions en signe de reconnaissance pour leur qualité. Pour preuve les vins en biodynamie de Cigalus, qui reçut le prix du Meilleur vin blanc au monde servi en Business Class, pour le Cigalus Blanc 2005 et le Cigalus Rouge 2002.
Nous sommes en 1987, lorsque Gérard reprend le domaine familial de Villemajou, situé dans les Corbières. La société Gérard Bertrand voit le jour quelques années plus tard, en 1992, soit bientôt 25 ans à fêter ! Le Domaine de Cigalus à Saint-André-de-Roquelongue et le Château Laville Bertrou sur la commune de la Livinière furent achetés les années suivantes. En 2002, Gérard réalise son rêve en faisant l’acquisition du Château l’Hospitalet. Situé entre Narbonne et la mer Méditerranée sur le massif de la Clape, ce domaine comprend 1000 hectares de garrigue et 82 de vignes. Siège de la société, c’est ici que vous pouvez venir déguster tous les vins des différents domaines, mais également séjourner dans l’une des trente-huit chambres de l’hôtel. Et c’est ici que j’ai passé un week-end et eu la chance de partager un dîner extraordinaire avec Gérard et quelques amis, autour d’un lièvre à la royale ou plutôt de deux lièvres à la royale : dans la grande tradition gastronomique façon école Ali Bab ET façon école Sénateur Couteaux, les deux seules références qui tiennent pour cette préparation ! Accompagnée bien entendu des vins de la maison : grands moments d’émotions ! Alors, à ce stade, soit je vous donne ces deux recettes et nous n’aurons plus de place pour les photos ni la suite de cet article, soit vous vous débrouillez tout seul et je vous raconte encore que Gérard cultive aussi bien les vignes que l’art de vivre… Deux détails chers à l’ancien rugbyman sont l’art de vivre et d’ailleurs l’art sous toutes ses formes. Un festival de jazz a lieu chaque année début août, et des expositions dans les jardins et les vignes autour de l’Hospitalet ont été inaugurées par les monumentales sculptures de Jean-Pierre Rives, puis par des sculptures de Rodin en mai dernier. On imagine bien une semaine littéraire, une exposition de photos, et pourquoi pas un festival de films épicuriens.
Ainsi que vous l’aurez compris Gérard Bertrand vit à cent à l’heure, fait parfois des cures intenses de raisins pour se purifier, préconise l’art de vivre de tout et prend grand soin de ceux qui l’entourent. Il bichonne son terroir, au point de disposer cette année d’un quart de ses bouteilles en vin bio. Aujourd’hui, c’est à New York, au cours d’une prestigieuse dégustation de vins, que je croise Gérard. Il est appliqué à expliquer à des Américains très attentifs que l’histoire du Languedoc commence à peine, tandis que celle de Bordeaux débuta en 1855 et celle des vins de Bourgogne au XIe siècle ! Je quitte cette assemblée sur la pointe des pieds, et laisse notre Ambassadeur des Vins du Sud avec des consommateurs déjà convaincus et prêts à acheter des nouveaux vins de qualité. Je vous quitte aussi, en espérant vous avoir encouragés à partir à la découverte de ces Vins du Sud, généreux comme leur propriétaire.
Patricia Coucoux Lepic
